• PARADISE FANTASY

     

     

    Il chante encor, l’essaim railleur des fées,

     Bien protégé par l’épine et le houx

    Que le zéphyr caresse par bouffées.

     Diane aussi, l’épouvante des loups,

     Au fond des bois cache son coeur jaloux.

    Son culte vit dans plus d’une chaumière.

    Quand les taillis sont baignés de lumière

    , A l’heure calme où la lune paraît,

     Échevelée à travers la clairière,

    Diane court dans la noire forêt.

    De nénufars et de feuilles coiffées,

    La froide nixe et l’ondine aux yeux doux

     Mènent le bal, follement attifées,

     Et près du nain, dont les cheveux sont roux,

    Les sylphes verts dansent et font les fous.

    On voit passer une figure altière,

     Et l’on entend au bord de la rivière

    Un long sanglot, un soupir de regret

    Et des pas sourds qui déchirent du lierre :

     Diane court dans la noire forêt.

    Diane, au bois récoltant ses trophées,

     Entend le cerf gémissant fuir ses coups

     Et se pleurer en plaintes étouffées.

     Un vent de glace a rougi ses genoux ;

    Ses lévriers, ivres de son courroux,

     Sont accourus à sa voix familière.

    La grande Nymphe à la fauve paupière

    Sur son arc d’or assujettit le trait ;

     Puis, secouant sa mouvante crinière,

     Diane court dans la noire forêt.

    Prince, il est temps, fuyons cette poussière

     Du carrefour, et la forêt de pierre.

     Sous le feuillage et sous l’antre secret,

    Nous trouverons la ville hospitalière ;

    Diane court dans la noire forêt.

    Théodore de BANVILLE   (1823-1891)

     


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